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Le paradoxe Nietzsche – intro

J’ai terminé à lire, il y a quelques jours, “Le Crépuscule des idoles”. C’est la première livre de Nietzsche que j’ai lu depuis la première jusqu’à la dernière page… Évidement, ça ne me fait pas un expert en Nietzsche… Mais il y a dans ce livre (et je crois que ce n’est pas le seul…) un paradoxe qui m’intrigue. Et je travaille à un petit essai sur le sujet… Comme je ne l’ai pas terminé encore je vais vous donner seulement ma première impression (et pour l’illustrer, la dernière variante, finale, de ma peinture “Le cinquième journée de la Création”…)

Quand tu lis un livre de Nietzsche c’est un peu comme si tu regarde certains films de David Lynch; tu te dis: celui-ci c’est soit un génie, soit un lunatique. Ou les deux. Plus probablement, les deux…

Cinqueme journee de la creation

Excerpts cocktail…

OGMs

The fate manifest itself often by chance. Or maybe chance, hasard IS fate? I don’t really know (and I don’t insist; it gets me misty, to cite Mel Gibson in Payback…) and now that I cited Mel Gibson, I will offer you a feast, intelectual feast… here are some famous and less famous citations from Nietzsche (he’s getting often in my way, I don’t know why?) and John Steinbeck (a writer I admire and enjoy). To accompany the word feast I’ve chosen a semi-abstract painting I did back in 2003-2004 I hope you’ll like both…

” It isn’t true that there’s a community of light, a bonfire of the world. Everyone carries his own, his lonely own.”
p. 281, John Steinbeck, The Winter of our discontent

“Voilà un artiste comme je les aime:modeste dans ses besoins. Il ne demande, au fond, que deux choses, son pain et son art…Panem et circen…”
p. 12, Nietzsche, Crépuscule des idoles

“Appris à l’École de Guerre de la vie:ce qui ne me tue pas me fortie.”
p.12, Nietzsche, Crépuscule des idoles

“What a frightening thing is the human, a mass of gauges and dials and registers, and we can read only a few and those perhaps not accurately.”
p. 82, John Steinbeck, The Winter of our discontent

“The things we couldn’t explain went right on but surely not with our blessing. We did not see what we couldn’t explain, and meanwhile a great part of the world was abandoned to children, insane people, fools, and mystics, who were more interested in what is than in why is it. So many old and lovely things are stored in the world’s attic, because we don’t want them around us and we don’t dare throw them out.”
John Steinbeck, The Winter of our discontent

“Je me méfie de tous faiseurs de systèmes et m’écarte de leur chemin. L’esprit de système est un manque de probité.” p. 15, Nietzsche, Crépuscule des idoles.

Funny looking Nietzsche – creators paradox

I found this funny looking photo of Nietzsche, with a drawn sword and the “patriotic” look of a “prussian” officer (plus a moustache that would have look good on one of the Marx brothers – of course, I’m not talking about Karl…) And I’ve read about him, enlisting as a “voluntary” in the French-Prussian war of 1870-71… Of course, I know about his “living dangerously” stuff and about some of his aphorism recommanding war as an interesting and revigorating experience…

Anyway, my point is than often, even VERY often, we are puzzled by the aspect, the behavior and some of the ideas of people considered, by general acceptation, as geniuses… Dali, for instance, cultivated with an equal genius his paradoxes, his weirdness… He sympatized with the Spanish fascists, he went bathing in the nude with his wife Gala (of course, equally nude) in the Atlantic ocean (not without letting know the international press about the exact date and place and hour…)

Toulouse-Lautrec, with his dwarf-like aspect and many excentricities, is another example. And even the most uncultivated and not-art-oriented persons have heard about Vincent Van Gogh’s ear cutting… Maybe, in geniuses, the paradoxes (quite usual, in some mesure, in ordinary people) are brought to paroxism? The Yang-Yin thing being much more accentuated, more powerfully revealed? Not an uninteresting theme, I think…

Nietzsche

Van Gogh et Nietzsche…

J’ai parlé déjà de l’effet similaire que le Sud ( comme endroit physiuqe mais aussi comme “esprit”) a fait sur Nietzsche et sur Vincent, presque dans la même période – fin de l’année 1888…

Voila encore quelques fragments – dans mon opinion, du plus grand intérêt – extraites de la même source, la biographie de Nietzsche par Stefan Zweig. En parlant de la dernière période créatrice de Nietzsche, Zweig affirme:

“L’histoire intellectuelle de tous les temps, dans son immensité, n’offre aucun autre exemple de cette abondance, de cette extase aux épanchements enivrés, de cette fureur fanatique de la création; c’est seulement peut-être tout près de lui, et cette même année, dans la même région, qu’un peintre “éprouve” une productivité aussi accélérée et qui déjà confine à la folie: dans son jardin d’Arles et dans son asile d’aliénés, Van Gogh peint avec la même rapidité, avec la même extatique passion de la lumière, avec la même exubérance maniaque de création. A peine a-t-il achevé un de ses tableaux au blanc ardent que déjà son trait impeccable court sur une nouvelle toile, il n’y a plus d’hésitasion, de plan, de réflexion. Il crée comme sous la dictée, avec une lucidité et une rapidité de coup d’oeuil démoniaques, dans une continuité incessante de visions“… (p. 273, “La lutte avec le démon” , Stefan Zweig, Édition Stock, 1948 )

En essence, Zweig a raison et il dit la vérité. Vincent, tout comme Nietzsche, a vecu à Arles, avant de l’arrivée (le 23 octobre 1888) de Paul Gauguin, une période d’extraordinaire créativité. ( Il en a eu quelque autres, aussi…)  Une période pour laquelle vivent toutes les artistes, une période ou tu travaille comme en transe et chaque trait de crayon, chaque trace de pinceau sont parfaites, merveilleux… Il y a pas beaucoup qui ont cette chance, cette joie, cette extraordinaire exaltation qu’on paye souvent, comme Van Gogh, comme Nietzsche, avec sa propre santé (mentale et physique)…

Mais, corrigeons les faits (si l’essence est vraie): Vincent n’a RIEN crée quand il a été malade et “son asile” n’a commencé qu’après le 7 février 1889 (donc des mois après la période de référence qui est les dernières 5 mois du 1888). La première manifestation de sa maladie (que les premiers docteurs qui l’ont traité, le dr. Rey, à Arles, et le dr. Peyron à Saint-Remy, ont diagnostiqué comme “une forme d’épilepsie”, tout comme la maladie de Dostoïevski, un autre kindred spirit) a été le 23 décembre 1888, quand il s’est coupé non pas l’oreille mais un lobe seulement et c’est pour cette blessure qu’il a été interné à l’hôpital (et non pas à l’asile… effectivement, il s’est fait lui-même interné, le 08 mai 1889, à l’asile Saint-Paul-de-Mausole, à Saint-Rémy de Provence).

Ce qui est cert c’est que Van Gogh, tout comme Nietzsche, a payé cher, de sa propre chair, de sa “substance profonde” (comme le demandait plus tard – peut-être en pensant à Vincent, Georges Braque…) les précieux moments de délir créateur…

Sur la courte cohabitation de Van Gogh et de Gauguin, une autre fois…

Nietzsche and Van Gogh

En parlant des derniers 5 mois lucides (et extrêmement productifs!) de Nietzsche, Stefan Zweig, dans son livre “Le combat avec le démon” fait des associations et des paraleles très intéressantes entre le philosophe allemand et le peintre hollandais, les deux, hommes “du septentrion”, tombé en amour avec la lumière du Sud…

Voilà les mots  de Stefan Zweig (page 259,  “Le combat avec le démon”, Éditions Stock, 1948) :

…” Peut-être que jamais la langue d’un poète allemand ne s’est rajeunie aussi vite, aussi soudainement et aussi complètement; et, à coup sûr, nulle autre n’a été à ce point pénétrée de soleil et n,est devenue aussi livbre, aussi méridionale, aussi divinement dansante, aussi “vineuse, aussi païenne.  Ce n’est que dans l’élément fraternel de van gogh que nous assistons une autre fois à ce miracle d’une pareille et soudaine irruption du soleil chez un homme du Nord: seul le passage du coloris triste, brun et lourd de ses années hollandaises aux couleurs violentes, crues, chantantes et d’un blanc ardent de la Provence, seule cette irruption de la folie de la lumière dans un esprit à demi-aveuglé peut se comparer à l”illumination que le Sud produit dans l’être de Nietzsche.”

Ce n’est pas la seule troublante analogie de destin entre ces deux génies fous de la culture universelle… Mais je vais continuer avec ces “vies paralleles” au autre fois…  J’ajoute un “Verger en fleurs” d’Arles, que Van Gogh a peint pratiquement en même temps (1888) que les derniers mois de lucidité de Nietzsche…

Vergers en fleur Arles 1888