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Van Gogh et Nietzsche…

J’ai parlé déjà de l’effet similaire que le Sud ( comme endroit physiuqe mais aussi comme “esprit”) a fait sur Nietzsche et sur Vincent, presque dans la même période – fin de l’année 1888…

Voila encore quelques fragments – dans mon opinion, du plus grand intérêt – extraites de la même source, la biographie de Nietzsche par Stefan Zweig. En parlant de la dernière période créatrice de Nietzsche, Zweig affirme:

“L’histoire intellectuelle de tous les temps, dans son immensité, n’offre aucun autre exemple de cette abondance, de cette extase aux épanchements enivrés, de cette fureur fanatique de la création; c’est seulement peut-être tout près de lui, et cette même année, dans la même région, qu’un peintre “éprouve” une productivité aussi accélérée et qui déjà confine à la folie: dans son jardin d’Arles et dans son asile d’aliénés, Van Gogh peint avec la même rapidité, avec la même extatique passion de la lumière, avec la même exubérance maniaque de création. A peine a-t-il achevé un de ses tableaux au blanc ardent que déjà son trait impeccable court sur une nouvelle toile, il n’y a plus d’hésitasion, de plan, de réflexion. Il crée comme sous la dictée, avec une lucidité et une rapidité de coup d’oeuil démoniaques, dans une continuité incessante de visions“… (p. 273, “La lutte avec le démon” , Stefan Zweig, Édition Stock, 1948 )

En essence, Zweig a raison et il dit la vérité. Vincent, tout comme Nietzsche, a vecu à Arles, avant de l’arrivée (le 23 octobre 1888) de Paul Gauguin, une période d’extraordinaire créativité. ( Il en a eu quelque autres, aussi…)  Une période pour laquelle vivent toutes les artistes, une période ou tu travaille comme en transe et chaque trait de crayon, chaque trace de pinceau sont parfaites, merveilleux… Il y a pas beaucoup qui ont cette chance, cette joie, cette extraordinaire exaltation qu’on paye souvent, comme Van Gogh, comme Nietzsche, avec sa propre santé (mentale et physique)…

Mais, corrigeons les faits (si l’essence est vraie): Vincent n’a RIEN crée quand il a été malade et “son asile” n’a commencé qu’après le 7 février 1889 (donc des mois après la période de référence qui est les dernières 5 mois du 1888). La première manifestation de sa maladie (que les premiers docteurs qui l’ont traité, le dr. Rey, à Arles, et le dr. Peyron à Saint-Remy, ont diagnostiqué comme “une forme d’épilepsie”, tout comme la maladie de Dostoïevski, un autre kindred spirit) a été le 23 décembre 1888, quand il s’est coupé non pas l’oreille mais un lobe seulement et c’est pour cette blessure qu’il a été interné à l’hôpital (et non pas à l’asile… effectivement, il s’est fait lui-même interné, le 08 mai 1889, à l’asile Saint-Paul-de-Mausole, à Saint-Rémy de Provence).

Ce qui est cert c’est que Van Gogh, tout comme Nietzsche, a payé cher, de sa propre chair, de sa “substance profonde” (comme le demandait plus tard – peut-être en pensant à Vincent, Georges Braque…) les précieux moments de délir créateur…

Sur la courte cohabitation de Van Gogh et de Gauguin, une autre fois…